Les batailles qui ont changé l'histoire by Arnaud Blin

Les batailles qui ont changé l'histoire by Arnaud Blin

Auteur:Arnaud Blin [Blin, Arnaud]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tempus Perrin
Publié: 2016-03-15T04:00:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

L’EUROPE RENAÎT DE SES CENDRES

« A l’exception d’une bataille perdue, rien n’est aussi triste qu’une bataille gagnée. »

Arthur Wellesley, duc de Wellington1

7

Tenochtitlán

Août 1521

« Sommeil sur la terre. Sommeil sous la terre.

Sur la terre, sous la terre, des corps étendus.

Néant partout. Désert du néant.

Des hommes arrivent. D’autres s’en vont. »

Omar Khayyam, Robaïyat (XIe siècle)

Au début du XVe siècle, l’histoire du monde s’écrit en Asie et les Turcs en sont encore le principal moteur. En 1405, Tamerlan, qui a conquis un territoire presque aussi vaste que Gengis Khan, s’apprête à investir la Chine. Celle-ci, comme toutes les proies chassées par Tamerlan, n’a que peu de chance de résister. Alors qu’il part en plein hiver pour la conquête de l’empire du Milieu, l’invincible conquérant meurt d’une pneumonie. La Chine est sauvée. Elle va mettre à profit ces années de quiétude pour se lancer dans une formidable aventure maritime qui projette sa gigantesque flotte d’exploration jusque sur les côtes africaines. Mais, brusquement, l’empereur de Chine fait volte-face et démantèle sa flotte pour enfermer son pays dans l’isolationnisme le plus profond.

Quelques décennies plus tard, à l’autre bout de la masse eurasiatique, c’est au tour du Portugal, sous l’impulsion d’Henri le Navigateur, de se lancer dans les grandes explorations. Suivront l’Espagne, l’Angleterre, la France. 1492 marque le point de non-retour avec la découverte d’un nouveau continent. Entre-temps, ce qui reste de l’Empire romain d’Orient est tombé aux mains des Ottomans. A la fin du XVe siècle, la dynamique géostratégique s’est déplacée vers l’Europe et la Méditerranée.

Au tournant du XVIe siècle, l’Europe est un espace de tensions et de conflits. Un croissant impérial enferme le continent depuis l’est avec la Russie (qui repousse les Kiptchaks dont elle subit le joug depuis le XIIIe siècle), le centre avec l’Autriche, le sud avec l’Empire ottoman et le sud-ouest avec l’Espagne. Face à la compression de ces quatre empires qui menace de les étouffer tout en pesant sur le ventre mou constitué par l’espace germanique, les monarchies occidentales et nordistes cherchent à se dégager du joug impérial, l’océan Atlantique leur offrant une fenêtre extérieure. C’est le cas notamment de la France et de l’Angleterre qui sortent de cent trente années de conflits. L’ouverture vers l’Atlantique permettra aux Occidentaux de trouver un exutoire à leur appétit territorial. La France, l’Angleterre et l’Espagne projettent leurs rivalités sur ce nouvel espace vital qu’est l’Amérique où se dessineront d’autres conflits. Ils perdureront jusqu’au XIXe siècle.

Outre le Portugal, qui n’est qu’une puissance de second rang, l’Espagne est la première à exploiter la nouvelle donne. Les musulmans une fois évincés de la péninsule Ibérique, les Espagnols poursuivent la reconquête plus loin encore et la découverte de l’Amérique offre un vaste territoire où exprimer cette volonté expansionniste. La société espagnole est ainsi faite qu’à la soif inextinguible d’honneurs et d’argent qui anime les hordes de prétendants à la conquête s’ajoute un ardent prosélytisme grâce auquel on justifiera tous les méfaits associés à la destruction des populations autochtones. Moins de trente années après le premier voyage de



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